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février 2022

Comment impliquer vos enfants dans votre gestion financière lorsque vous serez plus âgé ?

Aider ses parents à gérer leurs finances avant l’arrivée des problèmes est une démarche intelligente, mais délicate. Comment s’y prendre quand les parents prennent de l’âge ? Ou comment demander de l’aide à ses enfants quand on est soi-même un parent « plus âgé » ?

Il est rarement facile de discuter d’argent en famille, surtout quand il s’agit d’aborder le sujet avec des parents qui sont encore relativement capables de gérer leur vie et qui ne souhaitent pas voir leurs enfants le faire à leur place. Toutefois, en vieillissant, nos capacités cognitives se détériorent, contrairement à notre confiance en nous. Mieux vaut donc mettre le plus tôt possible la question de la gestion de l’argent sur le tapis, car les parents mettent parfois plusieurs années à accepter l’idée de se faire aider. L’inverse est également vrai du point de vue des parents. Même si vous êtes encore en pleine forme, rien ne vous empêche d’avoir une conversation avec votre enfant ou vos enfants afin de planifier la gestion de votre argent lorsque vous ne serez plus capables de le faire vous-même. Et dans ce domaine, mieux vaut avoir 10 ans d’avance qu’un jour de retard.

Avant d’aborder avec vos parents la question de la gestion de leur argent, il est préférable d’en parler d’abord à vos frères et sœurs. Cette démarche est plus facile dans certaines familles que dans d’autres. Il est essentiel que tous les enfants soient sur la même longueur d’onde, ce qui n’oblige pas forcément toute la famille à se réunir pour en parler. L’enfant le plus proche des parents (psychologiquement ou physiquement), le plus habile en communication ou celui qui possède le plus de connaissances financières peut prendre l’initiative, à condition que tous les frères et sœurs soient tenus informés et se soient concertés. Pour les mêmes raisons, il est également conseillé aux parents désireux d’aborder le sujet d’impliquer tous leurs enfants (ainsi que leur partenaire, cela va de soi), afin que personne ne se sente exclu. Après tout, l’argent reste une question délicate.

Comment aborder le sujet ?

Généralement, les conversations d’argent entre parents et enfants commencent quand le parent dépasse les 70 ou 80 ans ou à la suite d’un événement majeur, par exemple le décès d’un membre de la famille ou une détérioration de l’état de santé. Si vos parents vieillissent, n’attendez pas qu’ils prennent trop d’âge ou qu’une crise de santé survienne. Une conversation motivée par un événement négatif est souvent plus lourde et plus difficile. Même chose pour les parents : n’attendez pas que quelque chose de grave se produise pour en parler.

Pour éviter les mésaventures financières par la suite (et les éventuels abus financiers par des personnes extérieures) mieux vaut discuter régulièrement du vieillissement. Il est tout à fait possible de le faire de manière spontanée, par exemple, lorsque les enfants et les parents rangent ensemble le grenier, l’enfant peut demander ce que le parent aimerait qu’il advienne de cette sculpture lorsqu’il ne sera plus là (et vice versa). Cette conversation spontanée constitue un bon point de départ pour discuter d’une procuration ou d’un plan de succession. Mais il existe aussi d’autres possibilités. Aujourd’hui, bon nombre de personnes âgées effectuent leurs opérations bancaires et leurs achats en ligne. Pourquoi ne pas proposer à vos parents de vous appeler si quelque chose leur échappe ou qu’ils souhaitent vérifier une information ? Si vous êtes parent, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre enfant. Vous pourrez ainsi parler d’argent dans une ambiance positive et ouverte.

Il arrive un moment où les parents ne savent plus se passer de l’aide de leurs enfants, par exemple pour effectuer des virements, vérifier les déclarations fiscales ou gérer un budget. Dans ce cas, il est bon de savoir où se trouvent les documents importants et, éventuellement, comment y avoir accès, par exemple les factures, les polices d’assurance, les prêts, les certificats de garantie, les carnets de vaccination, les dossiers de pension, les actes notariés, et éventuellement les coordonnées d’un comptable, d’un avocat, d’un notaire, d’un planificateur financier, etc.

Accordez-vous sur ce que vous attendez l’un de l’autre et ce dont vous avez besoin pour y parvenir. En tant que parent, voulez-vous que votre enfant effectue les virements avec vous ou qu’il s’en occupe totalement seul sans que vous ayez à vérifier ? Souhaitez-vous que votre enfant gère le budget, cherche des fournisseurs d’énergie moins chers, garde un œil sur vos investissements, ou voulez-vous seulement qu’il sache où se trouvent les papiers importants si quelque chose de grave devait se produire ? Plus les attentes et les limites du droit de décision sont claires, moins vous risquez de désagréments par la suite.

Quelles sont les choses à éviter ?

Même si votre intention est bonne, n’abordez pas la question avec vos parents en leur demandant directement s’ils souhaitent de l’aide pour gérer leurs finances, car cela implique qu’ils sont ne sont plus capables de le faire eux-mêmes. Ne vous concentrez pas sur ce qu’ils sont encore capables de faire ou non, mais plutôt sur votre disponibilité à les aider. Ne leur donnez pas l’impression d’être un détective privé.

Il arrive parfois que les enfants soient confrontés à des parents qui refusent de parler de chiffres. Ce choix doit être respecté. De plus, il n’est pas toujours nécessaire de connaître les chiffres exacts pour avoir des conversations pertinentes. Au départ, il est plus intéressant de savoir où et comment sont conservés les comptes et les documents financiers que de savoir exactement de combien d’argent vos parents disposent sur leur compte.

En tant que parent, il est important de tenir compte du fait que les enfants n’ont pas toujours le temps ou l’envie de s’impliquer dans votre gestion financière.

Et si la discussion n’aboutit pas ?

La pudeur des parents envers leurs enfants sur les questions d’argent s’explique par plusieurs raisons. Parfois, ils ont le sentiment que tout est encore suffisamment sous contrôle. Il arrive aussi qu’ils interprètent à tort votre désir de les aider comme une volonté de savoir ce qu’il adviendra à leur succession. Certaines personnes âgées craignent de ne pas avoir suffisamment de moyens pour couvrir leurs dépenses futures. L’incertitude les empêche de s’exprimer sur le sujet de l’argent (et de la succession).

Si vous ne parvenez pas à avoir cette conversation, il peut s’avérer intéressant de demander si le parent serait prêt à faire appel à une tierce personne « neutre », comme un planificateur financier. Ainsi, la dynamique familiale joue un rôle beaucoup moins important. Vous pouvez, par exemple, proposer trois noms et laisser vos parents s’en occuper pendant un certain temps. Ils ont besoin de temps pour se faire à l’idée et ne pas se sentir forcés.

Inversement, si les enfants ne souhaitent pas être impliqués dans les affaires financières quotidiennes de leurs parents, le recours à une aide extérieure est une bonne solution. Un planificateur financier, le CAW, l’administration communale (via le service des bien-être ou seniors) ou le CPAS peuvent vous indiquer la voie à suivre.

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