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juin 2021

Hommes, femmes et questions d’argent : que pouvons-nous apprendre les uns des autres ?

Qu’il s’agisse d’établir des listes de courses ou de comparer les forfaits téléphoniques pour bénéficier de la meilleure offre, les femmes et les hommes adoptent généralement des approches différentes en matière d’argent. Mais dans quelle mesure ces stéréotypes sont-ils vraiment exacts ? Et surtout, que pouvons-nous apprendre les uns des autres ?

Quelle est la décision la plus difficile à prendre : choisir un partenaire, changer d’emploi ou non, choisir quelle maison acheter ou décider de l’utilisation d’une grosse somme d’argent ? Des chercheurs de l’University College London ont posé cette question à 2 000 personnes. Résultat : les gens se préoccupent davantage de savoir dans quel investissement placer leur argent que du choix de leur partenaire. Bien que 21 % des personnes interrogées considèrent le choix d’un partenaire comme l’une des décisions les plus difficiles, elles sont plus nombreuses à se demander comment investir au mieux leur argent (25 %), quels achats faire avec leurs économies (25 %), si elles doivent accepter un nouvel emploi (27 %) et quelle maison acheter (32 %). Ce résultat anecdotique montre bien l’importance que nous accordons à la prise de bonnes décisions financières. Nous savons instinctivement ce que nous cherchons (ou non) chez un partenaire, tandis que l’éducation financière doit d’abord être apprise.

La façon dont nous prenons ces décisions dépend d’un grand nombre de facteurs. D’une part, le climat économique, le pays dans lequel nous avons grandi, les mesures fiscales intéressantes introduites par le gouvernement, etc., d’autre part, les facteurs individuels, notamment les connaissances et les compétences acquises à la maison et à l’école, nos revenus, nos dépenses et notre capacité générale à prendre des décisions. Mais ce facteur détermine également la manière dont nous prenons nos décisions financières : que nous soyons des femmes ou des hommes.

Choix conscients en matière d’argent

Ces dernières années, le NIBUD (Institut national d’information sur les budgets des consommateurs) a mené plusieurs études aux Pays-Bas sur la manière dont les hommes et les femmes prennent leurs décisions financières et gèrent leur argent. Il a constaté que les femmes gèrent en général leur argent plus consciemment que les hommes en matière d’achats. Par exemple, elles vérifient plus souvent leurs factures et contrôlent si elles peuvent se permettre un achat important. Elles réfléchissent également plus souvent que les hommes aux exigences auxquelles un produit doit répondre, comparent plus souvent les prix et vérifient plus souvent les offres. Les femmes se sentent plus stressées si l’administration financière n’est pas en ordre et regrettent plus souvent leurs achats impulsifs.

De même, en matière d’investissements, les hommes et les femmes ne font pas les mêmes choix. Les femmes prennent généralement moins de risques financiers. Les hommes, par exemple, choisissent plus souvent les investissements que les femmes. Par ailleurs, les femmes adoptent plus souvent un profil d’investissement défensif et les hommes un profil d’investissement dynamique. Mesdames ont des attentes de rendement plus faibles que ces messieurs, sont plus patientes, moins confiantes et s’informent plus souvent. Mais pourquoi ?

Testostérone

Ce comportement s’explique d’un point de vue biologique. Les chercheurs établissent un lien entre la testostérone et la prise de risque. Pour faire simple : plus il y a de testostérone dans le corps, plus on prend de risques (financiers) et plus les décisions sont impulsives. Les hommes ont des concentrations de testostérone plus élevées, et donc probablement plus de goût du risque. Ceci explique pourquoi on estime que 80 % des investisseurs en cryptomonnaies sont des hommes. Il existe également une corrélation entre les niveaux élevés de testostérone et les choix de carrière dans le secteur financier, par exemple, bien que le secteur financier ne soit pas (plus) un monde typiquement masculin. Dans des professions telles que comptable, courtier en assurance et conseiller financier, la répartition entre les sexes est de 50-50, selon STATBel.

Écart de salaires et de pensions

L’écart réel entre les salaires et les pensions des hommes et des femmes peut également expliquer pourquoi les femmes sont plus nombreuses à prendre des décisions financières conservatrices. Les femmes travaillant à temps plein gagnent en moyenne 173 € brut de moins que les hommes travaillant dans les mêmes conditions, soit environ 2 400 € sur une base annuelle (prime de fin d’année et congés payés inclus). En outre, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel. Les hommes à temps plein et à temps partiel ont gagné ensemble 577 € de plus en moyenne que les femmes en 2018, soit une différence de 8 000 € sur une base annuelle.

À long terme, ces différences salariales ont un impact sur le montant de la pension légale. Mais l’écart salarial joue également un rôle pour la pension complémentaire : 9 % des femmes reçoivent une contribution de leur employeur pour la pension complémentaire, contre 12% des hommes. La différence se situe aussi dans le montant : la contribution moyenne s’élève à 783 € pour les hommes contre 530 € pour les femmes.

Connaissance et confiance

Il existe également une différence en matière d’éducation financière. En Belgique, les hommes obtiennent de meilleurs résultats en matière de connaissances, les femmes en matière d’attitudes. Selon Wikifin, qui a réalisé l’étude, les femmes sont souvent plus axées sur la planification à long terme lorsqu’il s’agit de leurs finances que les hommes.

Selon une étude menée par le GFLEC (Gobal Finance Literacy Excellence Center), 35 % de ce « gender gap » s’explique par le fait que les femmes ont tendance à sous-estimer leurs connaissances.

La confiance en soi est un paramètre essentiel lorsqu’il s’agit de prendre des décisions financières. Par exemple, plus d’hommes que de femmes sont prêts à être payés au mérite, car ils ont davantage confiance en leurs capacités. Les femmes pensent également que les hommes prennent de meilleures décisions d’investissement qu’elles, selon une étude menée par Fidelity Investments : seuls 9 % des femmes interrogées pensent que les femmes sont meilleures dans ce domaine. Pourtant, parmi les clients de cette entreprise, les femmes ont obtenu un rendement moyen plus élevé que les hommes.

Pouvoir décisionnel

Cela signifie-t-il que les femmes sont (ou veulent être) moins concernées par les finances et qu’elles préfèrent laisser l’homme gérer le budget familial, par exemple ? Une enquête menée par iVox auprès de répondants flamands a révélé que 55 % des couples assument la responsabilité de leur budget : près de 40 % s’occupent ensemble des questions d’argent, tandis que 15 % le font séparément. Lorsque l’un des deux partenaires est responsable de toutes les questions financières, il s’agit généralement de l’homme (41 % contre 33 %).

Les études montrent également que le « pouvoir décisionnel » du partenaire est fortement influencé par son éducation, son salaire et le nombre d’heures de travail. En bref, la personne qui gagne plus et travaille plus a généralement plus de poids dans les questions financières de la famille.

Bien entendu, toutes les recherches scientifiques comportent un bémol : les résultats sont généralisés. Il existe aussi des hommes qui ont une aversion pour le risque et des femmes qui osent prendre de gros risques financiers. Après tout, chaque personne est différente.

Que pouvons-nous apprendre les uns des autres ?

Un couple entre dans le bureau d’un conseiller financier. « Voici ce que je compte faire avec notre argent », déclare l’homme. « J’ai lu des articles sur cet investissement et je le trouve intéressant. Qu’en pensez-vous ? » dit la femme. Non, ce n’est pas le début d’une blague, mais une conversation qui illustre bien la façon différente dont les hommes et les femmes abordent les questions d’argent. Les hommes viennent peut-être de connaître un succès récent et confondent ce succès avec une compétence. Les femmes ont tendance à dire : on a eu de la chance.

Dans tous les cas, les meilleurs choix financiers sont fondés sur l’information et la raison. Mais si la raison a du bon, mieux vaut éviter d’être paralysé par l’aversion du risque. Les femmes (comme les hommes) peuvent développer une aversion du risque au point de compromettre leur rendement.

Voici quelques conseils :

  • N’ayez pas peur de demander de l’aide ou des conseils. Il n’y a aucun mal à s’améliorer dans un domaine, y compris les finances.
  • Généralement, vous disposez de plus de temps que vous le pensez. Prendre des décisions financières sous pression est non seulement stressant, mais peut aussi engendrer un mauvais résultat à long terme. Mieux vaut donc ne pas se précipiter. Rassemblez des informations, envisagez différentes options et demandez un délai de réflexion supplémentaire.
  • Peu importe qui est « meilleur » en matière de finances. L’essentiel est que les couples travaillent ensemble à la réalisation d’un objectif financier commun, chacun utilisant ses compétences spécifiques à l’avantage de l’autre.

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