Inflation En Belgique

février 2024

Inflation en Belgique : pourquoi la baisse des coûts ne fait pas baisser les prix

Les biens et les services, qu’il s’agisse d’un paquet de pommes de terre ou de vacances au soleil, sont devenus nettement plus chers ces dernières années. La récente baisse des coûts des matières premières et de l’énergie ne s’est pas (encore) répercutée sur le ticket de caisse. Mais pourquoi ?

Avant la pandémie, l’inflation en Belgique fluctuait entre 0 % et 2 % et ce, depuis des années. En d’autres termes, année après année, les produits et les services sont devenus légèrement plus chers dans notre pays. Ces hausses de prix sont une bonne chose en soi. En effet, l’inflation est nécessaire pour stimuler l’économie, et donc notre prospérité. Sans inflation, nous sommes moins incités à consommer et à investir.

Après être restée faible pendant des années, l’inflation est repartie à la hausse vers le milieu de l’année 2021. Au moment où il semblait y avoir une issue à la pandémie, l’économie est passée de la première à la quatrième vitesse. Les familles auraient pu économiser beaucoup, la demande de biens et de services était forte (en plein essor !), mais en raison des aléas de la chaîne d’approvisionnement et de la faiblesse des stocks, l’offre n’a pas pu suivre. Et la rareté agit comme un turbo sur les prix.

Bien que le graphique ci-dessus montre une baisse de cette inflation colossale, les effets ne s’en font pas encore ressentir dans les magasins. Surtout en ce qui concerne les prix des denrées alimentaires. En particulier, les prix des huiles, du poisson, des produits laitiers, du pain, des céréales et de la viande ont continué à augmenter considérablement. Par exemple, le taux d’inflation de janvier pour le poisson est de 13,8 %, les légumes de 11,9 %, les huiles de 10,7 %, les produits sucrés de 8,0 %, le produits laitiers de 6,9 % et la viande de 7,1 % (augmentation des prix par rapport à janvier 2023).

Pourquoi les prix ne baissent-ils pas ?

L’inflation s’est quelque peu ralentie ces derniers temps, notamment en raison des hausses de taux d’intérêt décidées par la Banque centrale européenne. En effet, des taux d’intérêt plus élevés constituent un frein à l’économie. Les emprunts deviennent plus coûteux et l’épargne plus attrayante, avec des taux d’intérêt plus élevés. Ainsi, la demande de biens et de services diminue et l’inflation baisse.

Toutefois, qui dit baisse de l’inflation ne dit pas forcément baisse des prix en magasin... Ceux-ci continuent d’augmenter (légèrement), même en cas de faible inflation. Bien que cette augmentation soit plus faible aujourd’hui qu’il y a un an, l’inflation reste supérieure au niveau jugé acceptable par les économistes (environ 2 %). Cette situation garantit qu’il n’y aura pas ou peu de baisses de prix.

Certains prix des produits de base et les coûts de l’énergie ont baissé récemment, mais cette baisse ne se voit pas encore sur le ticket de caisse, car plusieurs dynamiques sont à l’œuvre :

  • La hausse des coûts de la main-d’œuvre, principalement due à l’indexation des salaires en Belgique, a un impact significatif. Ces coûts l’emportent sur la baisse des coûts de l’énergie. En novembre 2023, par exemple, le prix du gaz naturel avait baissé de -71 % et le prix de l’électricité de -42 % par rapport à novembre 2022. Mais parallèlement, les coûts salariaux en Belgique ont augmenté de près de 8 % en 2023.
  • De nombreux producteurs opèrent dans le cadre de contrats à long terme et de prix fixes pour leurs matières premières. Par conséquent, ils ne bénéficient pas directement des baisses de prix des matières premières. En outre, les producteurs ont tendance à augmenter progressivement leurs prix, ce qui réduit l’impact des baisses des prix des produits de base.
  • Il existe également un effet de « cupideflation », un mot-valise pour désigner l’augmentation des prix par les producteurs, sans augmentation directe des coûts. Ce phénomène est souvent associé à des stratégies de marketing telles que les remises temporaires, qui donnent l’impression que les prix sont plus bas alors que les prix de base restent élevés, voire augmentent.
  • Le caractère psychologique de la fixation des prix joue également un rôle. Une fois que les prix augmentent, il est psychologiquement et commercialement difficile pour les entreprises de les réduire, même lorsque les coûts diminuent. Les consommateurs s’habituent à un certain niveau de prix et les entreprises peuvent craindre que les réductions de prix nuisent à leurs marges bénéficiaires, en particulier si les conditions futures du marché sont incertaines.
  • Par ailleurs, les attentes des consommateurs jouent également un rôle. Si les clients s’attendent à ce que les prix continuent d’augmenter, ils peuvent être enclins à acheter davantage avant que les prix n’augmentent, ce qui maintient les prix à un niveau élevé.
  • Dans le cas des denrées alimentaires, les événements internationaux tels que la guerre en Ukraine et les conditions météorologiques ont un impact significatif sur les prix. L’interruption de l’approvisionnement en céréales en provenance d’Ukraine a entraîné des hausses de prix et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, affectant les prix des supermarchés.
  • L’impact de la situation économique mondiale ne doit pas non plus être sous-estimé. L’inflation dans d’autres pays, en particulier les pays fort dépendants des importations belges, peut également entraîner une hausse des coûts des produits importés, même si les coûts intérieurs diminuent. Les effets de change ont également un impact sur le prix final.

Quelques produits et services dont le prix a nettement augmenté par rapport à janvier 2023

  • Fruits de mer frais : 31,8 %
  • Vin d'autres fruits (cidre) : 30,4 %
  • Huile d’olive : 23,7 %
  • Viande de mouton et d’agneau : 23,0 %
  • Autres produits du tabac (tabac à rouler) : 20,0 %
  • Pommes de terre : 17,1 %
  • Bières non alcoolisées : 15, %
  • Journaux : 14,7 %

Source : Statbel, chiffres de l’inflation février 2024

Quelques produits et services dont le prix a fortement baissé par rapport à janvier 2023

  • Électricité : -12,2 %
  • Matériel de téléphonie mobile : -10,9 %
  • Ordinateurs : -8,6 %
  • Services de téléphonie mobile : -8,5 %
  • Matériel vidéo (télévision) : -8,0 %
  • Lait entier : -7,7 %
  • Lait écrémé et demi-écrémé : -6,4 %
  • Accessoires pour ordinateur : -6,0 %

Source : Statbel, chiffres de l’inflation février 2024

Les prix vont-ils finir par diminuer ?

Personne ne peut répondre à la question de savoir si les prix vont baisser un jour. La déflation ou une baisse générale des prix n’est pas non plus souhaitable. Selon le Bureau fédéral du Plan, l’inflation annuelle moyenne (indice des prix à la consommation) serait de 3,8 % en 2024, contre 4,1 % en 2023, 9,59 % en 2022 et 2,44 % en 2021. Il est clair qu’après une période de hausses notables, l’inflation en Belgique suit une tendance à la baisse, mais cette baisse est loin de se faire sentir dans les dépenses quotidiennes des consommateurs. Cette année encore, l'inflation devrait également rester supérieure au taux d'inflation idéal d'environ 2 %.

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